L’engagement du Père Coton

L'engagement du Père Coton

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Le père Pierre Coton, prêtre jésuite français né en 1564 et décédé en 1626, est surtout connu pour avoir été le confesseur personnel du roi Henri IV confronté à des défis politiques et religieux considérables pendant son règne. Grâce à son influence auprès du roi et à sa grande éloquence, Coton a notamment permis l’instauration de l’Édit de Rouen en 1603, ce qui a conduit au retour en force des Jésuites en France, désormais protégés. De nombreux collèges jésuites ont ainsi rapidement vu le jour. Cependant, l’assassinat de Henri IV par le fanatique catholique Ravaillac, un ancien élève d’un de ces collèges, a finalement mis en cause les Jésuites et leur influence.

Malgré cela, Coton est devenu le confesseur du jeune Louis XIII, fils de Henri IV. Son influence a cependant décliné jusqu’à sa disgrâce en 1617.

Du coton dans les oreilles

Son influence auprès du roi, parfois considérée comme excessive, a conduit à l’expression bien connue aujourd’hui attribuée à quelqu’un qui n’en fait qu’à sa tête : avoir du « Coton dans les oreilles ».

Une déception familiale

Coton avait intégré le noviciat d’Arone le 30 septembre 1583 alors qu’il avait une vingtaine d’années. Son père, déçu, lui écrivit une lettre exprimant son désarroi face à ce choix (transcription libre) :

Sont-ce là, mon fils, les promesses que tu m’as faites tant de fois, de m’obéir, de me servir, de me soulager dans ma vieillesse, selon le Commandement de Dieu ? Au lieu de cela, veux-tu nous faire mourir de mélancolie, ta mère et moi ? Loin de prolonger nos jours, veux-tu les accourcir ? Que t’ai-je fait qui t’ait déplu ? T’ai-je rien refusé de tout ce que tu as souhaité de moi ? En est-ce là la récompense ? Suis-je un hérétique, ou un méchant homme ? Sommes-nous des personnes scandaleuses pour t’obliger à te séparer de nous ? Es-tu en âge de faire un choix contre notre volonté ? Et y a-t-il loi divine, ni humaine qui permette à un enfant de disposer de soi-même à 19 ans ? Aimes-tu mieux servir des étrangers et enseigner des enfants dans un collège que de vivre avec tes parents ? Ne penses-tu point combien tu offenses Dieu en nous causant ce déplaisir et combien tu en dois craindre le châtiment ? Non, mon fils, il ne me peut entrer dans l’esprit que tu persistes dans cette désobéissance. Je te conjure donc, et te le commande de laisser là tes suborneurs et de te rendre incessamment auprès de moi. J’écouterai tes raisons et je te dirai les miennes. Si tu ne le fais, je proteste de ton ingratitude devant Dieu et devant les hommes. Je t’y ferai contraindre par Justice et je dépenserai tout mon bien pour faire punir ceux qui t’ont séduit et qui t’empêchent d’obéir à un père qui t’aime tendrement.

Le père de Pierre Coton

Coton, dans sa réponse, exprima la grâce qu’il ressentait pour avoir choisi la voie religieuse malgré la douleur de la séparation d’avec sa famille, affirmant qu’il ne se rendait aucunement indigne de l’éducation qu’il avait reçue de son père.

TRAVAUX CITÉS

La vie du père Pierre Coton, de la Compagnie de Jésus ; confesseur des roys Henry IV et Louis XIII par le Père Pierre Joseph d’Orléans de la même compagnie.

Illustration : Portrait de Pierre Coton. Récupéré sur https://commons.wikimedia.org

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