Le premier Anglais en Amérique du Nord

Le premier Anglais en Amérique du Nord

Quel est le premier navigateur de nationalité britannique qui ait posé le pied sur le sol de l’Amérique du Nord ? C’est une question fort intéressante, et pourtant il ne semble guère que jusqu’à ces temps derniers, on s’en soit tracassé.

Pour le moment, le problème paraît préoccuper les journaux anglais, et, en particulier, L’Observer qui rappelle la carrière de Bartholomew Gosnoll ou Gosnold, en faisant remarquer que non seulement il fut, vraisemblablement, le premier Anglais qui ait débarqué en Amérique, mais aussi le premier Anglais qui ait essayé d’établir une colonie britannique, de façon permanente sur la côte de la Nouvelle-Angleterre.

Chassé, 1925.

Bartholomew Gosnold (1571-1607), ce premier Anglais qui accosta au sud-est de la Nouvelle-Angleterre en 1602 est, au même titre que l’explorateur Verrazano à qui nous avions consacré un article, peu connu.

Il est étrange que ce nom de Gosnold ait ainsi passé, jusqu’à présent, presque inaperçu, alors qu’on a étudié en détail tant de gens qui n’étaient pas, comme lui, et explorateurs et aussi fondateurs d’importantes colonies.

Chassé, 1925.

Un voyage non autorisé

Il faut dire que Bartholomew Gosnold, accompagné de Bartholomew Gilbert, fils de Sir Humphrey, a effectué son premier voyage sans les nécessaires autorisations et accréditations de Sir Walter Ralegh, alors détenteur des droits de traite pour l’Angleterre dans cette partie du monde. D’ailleurs, si les deux explorateurs n’étaient pas revenus sains et saufs de leur périple, personne n’en aurait jamais rien su. Cependant, pour ne pas perdre la face devant ce succès et pour éviter un scandale, Ralegh dut autoriser, a posteriori, le voyage des Bartholomew (Parker, 1905).

Qui était Gosnold ?

Ce Gosnold était né dans le comté de Suffolk et il descendait d’une des familles anglaises les plus anciennes. Sa mère était une Bacon, proche parente du célèbre homme d’État philosophe. De son père, il reçut de vastes propriétés, ce qui lui permit de consacrer des sommes importantes aux voyages lointains. En 1602, il partait de Falmouth sur le petit navire Concord, qui comptait un équipage de trente-deux personnes. Le 14 mai, il débarquait près du Cap Cod.

Chassé, 1925.

Le premier voyage

La première tentative de Gosnold d’établir une colonie pérenne en Amérique du Nord ne fut pas un succès ; ses matelots n’étaient pas convaincus de l’intérêt de rester sur le nouveau territoire. Néanmoins, il a découvert le Cap Cod, là où il a accosté le 26 mai 1602 (Brereton, 1602). Cap Cod est d’ailleurs le premier nom britannique à avoir été donné sur cette côte, dit l’auteur qui a lui-même participé à ce premier voyage. Puis, Gosnold a découvert et nommé les îles Martha’s Vineyard et celles Elisabeth au nord de la Virginie.

Les explorations n’ont donc pas été bien longues : le départ vers l’Angleterre a eu lieu le 18 juin pour une arrivée au pays natal le 23 juillet (Brereton, 1602).

Néanmoins, ce court passage le long de ces côtes d’Amérique du Nord a bel et bien marqué la naissance de la Nouvelle-Angleterre.

S'établir

Quatre ans plus tard, un nouvel essai de colonisation se conclut cette fois par la fondation de Jamestown. Néanmoins, ce n’est pas Gosnold qui en tire vraiment les faveurs.

En effet, après que Gosnold ait cherché des appuis et ait sollicité ses connaissances pendant au moins 1 an pour effectuer un nouveau voyage, ce n’est pas lui qui obtient les autorisations nécessaires pour établir une colonie en Virginie. Ce sont divers nobles noms tels que Sir Thomas Gates, Sir George Somers, Sir Edward Maria Wingfield, ainsi que le révérend Richard Hakluyt et d’autres personnes, qui obtiennent les lettres patentes, en date du 10 avril 1606, du roi Jacques. Gosnold n’est aucunement cité dans le document (Barbour, 1963). Gosnold sera cependant, ou seulement, le capitaine d’un des trois navires en partance pour le Nouveau Monde. C’était le 20 décembre 1606.

Et c’est là, en Virginie, après avoir vu et participé à l’établissement d’une colonie, que Gosnold meurt, le 22 aout 1607, avec nombre d’autres colons atteints, comme lui, de la peste.

TRAVAUX CITÉS

Barbour, P. L. (1963). Bartholomew Gosnold. Prime Mover of the Jamestown Colony. Dans W. F. Gookin, Bartholomew Gosnold, discover and planter : New England- 1602. https://archive.org/details/bartholomewgosno0000gook/page/189/mode/1up

Brereton, J. (1602). A briefe and true relation of the discouerie of the north part of Virginia. Réédité en 1903. New York. https://archive.org/details/abriefeandtruer00haiegoog/page/n9/mode/1up

Chassé, C. (1925, Août 7). Le premier anglais qui ait débarqué en Amérique. Le Figaro. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2944680

Parker, G. (1905). Sailors narratives of voyages along the New England coast, 1524-1624. Boston: Houghton, Mifflin & Co. Consulté le Octobre 2019, sur https://archive.org/details/sailorsnarrative00wins_0/page/n49

Illustration : Wall, William Allen. (1842). Gosnold at the Smoking Rocks. New Bedford Whaling Museum. Récupéré sur https://commons.wikimedia.org

Portrait de Bartholomew Gosnold. American 20th Century (1935-1942). Figurehead from “Bartholomew Gosnold”. Récupéré sur https://commons.wikimedia.org

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