Les 7 peines principales

En France, au XVIIe siècle, le roi est le garant de l’ordre public. Pour ce faire, il exerce un contrôle sur ses sujets en les soumettant à des règles qui dictent ce qui est permis de ce qui ne l’est pas. En Nouvelle-France, le fonctionnement de la justice est identique. Toutefois, à partir de 1670, une ordonnance royale en fixe les modalités (Cellard, 2000).

L’arsenal punitif de la justice compte sept peines principales : la peine capitale, les galères, le bannissement, la flétrissure, le fouet, l’amende honorable et l’exposition (Cellard, 2000). La peine de mort est infligée pour le meurtre, le duel, le vol, l’incendie, l’avortement, le viol, l’attentat à la pudeur, la désertion, la trahison, le faux-monnayage, l’homosexualité et la bestialité.

Le condamné est généralement pendu après avoir été fouetté aux différents carrefours de la ville. Cependant, sa peine capitale peut être précédée du supplice de la roue durant lequel il est écartelé. Selon le crime commis, il peut être décidé que le condamné à mort soit brûlé vif, à moins que d’autres atrocités à lui infliger ne soient trouvées. Mais, d’après Cellard (2000), par mesure de clémence, le supplicié était souvent étranglé avant de subir son terrible châtiment.

Les nobles condamnés à mort ne pouvaient pas, quant à eux, être pendus. Aussi, étaient-ils décapités. Certains échappaient à leur sentence en s’enfuyant de la colonie, ce qui est arrivé aux 3 nobles condamnés en Nouvelle-France (Cellard, 2000).

Puisque le vol est puni de mort, le premier condamné à mort du Nouveau-Monde est Michel Gaillon. Celui-ci est monté sur l’échafaud, en 1543, pour avoir commis un vol dans la colonie de M. de Roberval. D’autres colons, hommes ou femmes, mauvais sujets de la jeune colonie, ont été châtiés par le fouet pour délits divers. Le voleur Jean de Nantes est, quant à lui, mis aux fers et enfermé au cachot (Roy, 1930).

Il faut dire que Roberval n’a pas engagé que de bons compagnons pour son expédition de 1542-1543 qu’il a entreprise dans le but de fonder une colonie française sur les rives du Saint-Laurent. Parmi les gens embarqués, nombre d’entre eux étaient des prisonniers recrutés sur Paris, Castres, Carcassonne, Rouen, etc., dont beaucoup ont ainsi échappé à la peine capitale. Aucun d’entre eux n’a fondé cependant une descendance au pays. Soit ils sont morts du scorbut au Nouveau-Monde, soit ils ont été ramenés en France par Cartier en 1543.

La Nouvelle-France, au XVIIe siècle, connaît une pénurie de bourreaux. En fait, aucun colon ne pouvait se prétendre bourreau de métier, parce qu’il aurait exercé en France auparavant. Il s’avère même que, si la colonie appliquait le système de justice de la France, le corps de métier « bourreau » n’y avait pas été créé, explique Boyer (1964). Et, jusqu’en 1648, des gens s’improvisaient bourreaux et apprenaient sur le tas.

Le bourreau doit faire appliquer toutes les peines et exécutions, dont les marques au fer rouge, les flagellations, le pilori, le carcan, le cheval de bois, etc. Si le premier bourreau officiel date de 1649 (voir ci-après), il faut attendre 1665 pour que le Conseil Souverain reconnaisse officiellement le bourreau en lui accordant une maison de fonction, un salaire et une prime de 10 francs pour chaque exécution capitale. Toutefois, cette reconnaissance n’est pas une garantie de savoir-faire, ce dont pâtit le criminel Jacques Bigeon lors de son exécution :

On sait que Champlain condamne à la pendaison et à la décapitation Jean Duval en 1608, pour cause de complot. La tête du bougre est plantée sur une pique pour servir d’exemple. Mais, c’est 40 ans plus tard qu’il aurait fallu un vrai bourreau dans la colonie pour appliquer une peine de mort. En effet, en 1648, un jeune tambour de Montréal est accusé du crime d’homosexualité. Condamné à mort, le jeune homme fait appel du jugement. Il est donc condamné au service des galères. Cependant, comme la nécessité d’avoir un bourreau est cruciale, il lui est proposé de transformer sa peine et de devenir bourreau. Le tambour accepte et devient dès lors le premier bourreau officiel de la Nouvelle-France.

D’après le Journal des Jésuites (Roy, 1930), le bourreau effectue sa première exécution le 19 janvier 1649 sur un jeune d’une quinzaine d’années. Une deuxième exécution a lieu le 15 février suivant.

Puis, il semble ne plus y avoir de bourreau officiel par la suite. En effet, en 1653, deux serviteurs de Monsieur Claude Charron de la Barre sont condamnés à mort pour avoir fomenté un attentat contre leur maître. Faute de bourreau, l’un des deux doit servir de bourreau pour l’autre (Boyer, 1964).

À suivre : Des exemples de sentences

Boyer, R. (1964). Le bourreau au Canada. (U. McGill, Éd.) La revue de l’Association canadienne de psychiatrie, 9(6), pp. 521-532. Récupéré sur En ligne

Cellard, A. (2000). Punir, enfermer et réformer au Canada, de la Nouvelle-France à nos jours. Brochure historique(60). Récupéré sur En ligne

Roy, P.-G. (1930). Comment on punissait le vol à Québec . Dans P.-G. Roy, La ville de Québec sous le régime français (pp. 459-460). Québec: Archives du gouvernement de la province de Québec. Récupéré sur En ligne