Récréations littéraires

Récréations littéraires

Voici quelques très courts extraits d’un livre paru en 1920 à consulter ici si vous le souhaitez : Récréations littéraires : curiosités et singularités, bévues et lapsus, etc.

Albert Cim (1845-1924) s’est amusé à recenser les erreurs qu’il a repérées dans des ouvrages de grands écrivains tel que Corneille, Racine, Molière, Hugo, Balzac, et d’autres encore. Le but de Cim n’était pas d’effectuer une critique sévère de ces auteurs. Il s’agissait plutôt d’une occasion pour lui de se divertir. Cependant, force est de constater l’impressionnant travail d’analyse qu’il a effectué, puisqu’il a relevé, outre le peu que nous avons écrit ci-après, des locutions vicieuses, les manques de goût, le style figuré d’un grand nombre d’écrivains.

On retiendra qu’à nous partager ses trouvailles, Albert Cim nous permet de comprendre que personne n’est à l’abri de faire des erreurs. Alors, restons vigilants!

Des non-sens littéraires

« Cette débutante est véritablement une étoile en herbe qui chante d’une main de maître » (Armand Silvestre, Les Farces de mon ami Jacques)

« Nous pénétrâmes dans une de ces forêts vierges où la main de l’homme n’a jamais mis le pied » (pas de référence)

Ce cœur… attend de pied ferme toutes les rigueurs de son infortune » (La France galante, dans Bussy-Rabutin, Histoire amoureuse des Gaules)

« Les droits des Canadiens-Français ont été foulés aux pieds par des mains sacrilèges » (La Presse de Montréal).

« Son chapeau bosselé, déchiré, n’avait plus figure humaine » (L’Opinion, 25 juillet 1885)

Des pléonasmes

« Le vieux médecin exultait d’allégresse » (Claude Tillier, L’Oncle Benjamin)

« Les souvenirs du passé se réveillant » (Octave Feuillet, M. de Camors)

« Chacun, surpris à l’improviste… (Émile Souvestre, Un Philosophe sous les toits)

« Panacée universelle » est un pléonasme relevé dans de nombreux écrits par l’auteur.

Des inadvertances

« Il portait un veston et un gilet à carreaux avec un pantalon de même couleur » (Léopold Stapleaux, L’Intermédiaire des chercheurs et curieux)

« Il avait soixante-dix ans et paraissait le double de son âge » (Ibid.)

« D’une main elle lui caressa les cheveux, et, de l’autre, elle lui dit… » (pas de référence)

« Je t’embrasse en attendant que je puisse le faire de vive voix » (pas de référence)

De l'ignorance

« Ce vieillard impotent et ingambe ne quittait plus son fauteuil » (pas de référence)

« … La guérison merveilleuse d’un officier de marine, ingambe depuis 9 mois, guéri après quatorze jours de traitement (Le Journal, 21 septembre 1910)

Non!, précise Cim, « ingambe » ne veut pas dire « sans jambes »! Nous ajoutons que cela signifie plutôt tout le contraire, car ingambe veut dire agile, alerte et donc… valide.

« Il se livre longuement et compendieusement à la composition des… » (Goncourt, Journal, année 1862)

L’auteur explique : « Compendieusement (compendium, abrégé) exprime si bien le contraire de ce qu’il signifie, que bien des gens y sont pris et lui donnent le sens de longuement ».

Des réclamations

Cim rapporte également dans son livre des malentendus liés au choix, par l’écrivain, de noms de famille pour leurs personnages.

« Un jour que l’auteur des Courbezon, Ferdinand Fabre, était assis au bord d’une route des environs de Bédarieux, son pays, il vit venir un homme qui lui dit, embarrassé et tournant entre ses doigts son grand chapeau rond :

— Vous êtes monsieur Ferdinand?
— Oui, mon ami. Que me voulez-vous?
— Voilà : il paraît que vous avez fait un livre à Paris, et qu’il y a dans ce livre que, moi Pancol, j’ai tué M. l’abbé Courbezon. Je vous jure que ce n’est pas vrai. J’ai porté un lièvre chez votre frère pour que vous cessiez d’être animé contre moi. Car enfin, je ne l’ai pas tué! (…) »

Malgré tous ses efforts, Ferdinand eut bien du mal à convaincre le paysan qu’il ne s’agissait pas de lui, mais d’un autre Pancol, inventé de toute pièce.

Ce n’est pas la seule fois où l’auteur Ferdinand s’est trouvé en porte à faux avec les noms qu’il choisissait pour ses personnages.

“Dans Mademoiselle de Malavieille, Ferdinand met en scène un notaire, M. Forestier, dont la femme est très dévote et dit chaque soir son chapelet sur l’oreiller conjugal. Quelle fut la surprise du romancier, quand il reçut d’un M. Forestier, notaire en province, une lettre furieuse: « Mais c’est infâme! Comment avez-vous pu pénétrer ainsi dans ma vie? Comment savez-vous? (…) »”

Le même genre de mésaventures est arrivé à d’autres, comme à Zola.

2 Commentaires

  • Chotérier Marcel Publié le 21/01/2019 03:44

    Intéressant. Dommage que ce soit si court!

  • Christine Sarpentier Publié le 27/01/2019 08:44

    D’autres dans un prochain article peut-être…

Ajoutez un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs requis sont indiqués *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.