Niagara Falls, qu’es-tu devenue?

Niagara Falls, qu'es-tu devenue?

Située en Ontario (Canada), Niagara Falls est mondialement connue pour ses majestueuses chutes qui, chaque année, fascinent des millions de visiteurs. Mais bien avant de devenir une attraction touristique, cette région possédait une histoire riche. Pour les premiers peuples, notamment les Iroquois et les Neutres, ces chutes n’étaient pas simplement un spectacle naturel, mais un lieu sacré, surnommé les « eaux tonitruantes » en hommage à leur puissance. Aujourd’hui, tandis que les chutes continuent de captiver, qu’est devenu ce lieu ?

Une histoire lointaine

Les chutes du Niagara, vieilles de quelque 14 000 ans, ont vu passer bien des époques et des peuples. Leur histoire nous est transmise notamment grâce aux Iroquois (Haudenosaunee) et aux Neutres, des nations de langue iroquoienne. Les Neutres, nommés ainsi par les Français, occupaient toute la péninsule du Niagara, entre la rivière Grand et la rivière Niagara, avant d’être dispersés par les guerres iroquoises au XVIIe siècle. Ces guerres, qui opposaient les Wendats (Hurons) aux Haudenosaunee, virent les Neutres rester en retrait — d’où leur surnom.

L’exploration européenne et le début du tourisme

En 1678, le missionnaire Louis Hennepin devient le premier Européen à décrire les chutes du Niagara, qui ne se trouvaient pas exactement là où elles sont aujourd’hui, ayant reculé au fil des siècles.

Vue actuelle de la crête des chutes Horseshoe avec des emplacements approximatifs remontant jusqu’à 1678

Dès les années 1800, le site attire de plus en plus de visiteurs, fascinant touristes, célébrités et amateurs de sensations fortes. En 1901, l’enseignante Annie Edson Taylor, âgée de 63 ans, descend les chutes en tonneau, devenant la première à survivre à cet exploit périlleux — qu’elle déconseilla d’ailleurs à tout autre aventurier de tenter !

Les célébrités, elles aussi, contribuent à la renommée des chutes : des écoliers français survolent le site en téléphérique en 1933, tandis que Marilyn Monroe y tourne une scène en 1952. Pour préserver cet environnement exceptionnel face à l’essor touristique, le parc Queen Victoria est créé en 1885, devenant le premier parc provincial canadien. Des photographies d’époque, disponibles sur le site avenues.ca, illustrent la magie intemporelle de Niagara.

Dès le XIXe siècle, le tourisme prend son essor à Niagara. Hôtels, parcs d’attractions et autres divertissements voient le jour pour répondre aux attentes des visiteurs, transformant peu à peu la ville en véritable destination de loisirs. Inutile ici de détailler les multiples attractions actuelles — les sites spécialisés le font déjà amplement ! Une chose est sûre : l’offre est désormais si abondante qu’il y en a pour tous les goûts.

L’expérience des chutes

Les chutes du Niagara ne cessent de captiver, et une promenade en bateau à leur pied est toujours aussi impressionnante. L’activité « Voyage derrière les chutes », en revanche, m’a semblé un peu surcotée. Certes, l’observatoire offre une vue rapprochée saisissante, mais les tunnels et leurs deux petites ouvertures sur les chutes n’ont pas été pour moi un point fort de la visite — je ne suis pas certaine que je la recommanderais.

                          

Pour vraiment savourer l’endroit, j’ai découvert que la promenade le long des chutes est idéale tôt le matin, quand tout est encore calme et que le soleil commence à poindre. À ce moment-là, les chutes apparaissent sous leur plus beau jour, offrant des vues incroyables et un accès facile pour la photographie. Mais à partir de la fin de matinée, la foule envahit les lieux, et la promenade devient difficile, surtout en soirée. Cela dit, le jeu de lumière sur les chutes et le feu d’artifice en soirée sont des spectacles incontournables qui valent bien l’attente.

Une ambiance contrastée

Si les chutes du Niagara rayonnent d’une beauté naturelle captivante, la rue Clifton Hill, qui relie les hôtels au site, offre un contraste saisissant. Bordée de salles de jeux, de châteaux hantés et d’attractions tape-à-l’œil, cette rue s’est transformée en un corridor bruyant et clinquant où l’on se sent souvent pressé d’accélérer le pas pour retrouver les chutes.

       

Dans cet environnement touristique, dominé par une grande diversité d’entreprises souvent tenues par des personnes venues d’ailleurs, on peine à retrouver l’histoire autochtone, le patrimoine de la région et même une part de l’identité canadienne. Le lieu, noyé dans le multiculturalisme canadien, semble distancé de ses racines profondes que l’on souhaiterait davantage visibles et mises en valeur.

        

Deux visites, dix-huit ans d’écart, et un arrière-goût amer

Revenir aux chutes après dix-huit ans d’absence laisse un sentiment mitigé. Malgré la beauté inchangée du site, certains aspects du développement touristique suscitent une certaine amertume, comme si un peu de l’authenticité du lieu s’était effacée avec le temps.

TRAVAUX CITÉS

Derrick Beach (2018, 15 novembre). Les chutes Niagara se déplacent. https://www.ijc.org/fr/les-chutes-niagara-se-deplacent

Illustration et autres photos : photos personnelles, du 27 au 29 juin 2024.

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