Si François de Montcorbier dit Villon (1431-1463 ?) a certainement composé sa Ballade des pendus lors de son incarcération suite à l’agression d’un personnage important, le réalisateur du montage présenté ici a imaginé une tout autre histoire. Ce ne sera pas pour châtiment d’une autre mauvaise conduite que le poète, en attendant sa pendaison, compose sa ballade. Ce sera pour avoir aimé celle qui ne voulait pas de lui.
Pourquoi?
« Pourquoi ? », réalisé par Michel Lecré, est sans conteste inspiré de la ballade de Villon dont la narration reprend la première strophe. Mais la comparaison s’arrête là, car l’histoire devient par la suite originale : l’homme qui se trouve emprisonné est un amoureux éconduit. Espérant certainement être gracié, puisqu’il n’est pas mauvais homme, à moins qu’il ne souhaite simplement plaider sa cause, car il trouve sa sanction bien lourde, le malheureux tient à expliquer son geste. Pourquoi, d’ailleurs, est-il condamné à la même peine qu’un brigand ?
Puis la sanction tombe. Trouvera-t-on loyal le duel auquel il a dû participer ? Le seigneur des lieux lui rendra-t-il la liberté ?
Ballade des pendus
L’Épitaphe de Villon en forme de ballade s’avère être une épitaphe qui permet au poète, ainsi qu’à tous ceux qui subiront la même peine que lui, de solliciter le pardon de Dieu pour toutes ses inconduites passées. Mais il en appelle aussi à la miséricorde de ses concitoyens, ses « frères humains » à qui il demande de prier pour l’absolution de tous les malheureux, car la mort traite tous les corps de la même manière, quoi qu’aient pu pousser à faire les esprits auparavant.
Car Villon est un être du moyen âge, c’est-à-dire tout le contraire de l’individualiste. Il ne se retranche pas de la communauté : celle de ses équivoques compagnons de misère ou de débauche, et, au-delà, la grande famille humaine. Celle-ci, à l’époque — et même pour Villon le dépravé — se confond avec la notion de chrétienté. Villon en appelle à ses frères humains au nom de leur foi commune; au nom, surtout, de leur commune fragilité.
Melle Clerc
Villon s’attend donc à être pendu tant l’acte qu’il a commis est, cette fois, vraiment grave ; ce n’est pas la première fois qu’il prend le chemin du cachot cependant. Malgré ce dont il est persuadé au moment d’écrire les vers de son célèbre poème, il ne sera pas, contre toute attente, pendu, mais banni de la ville de Paris pendant 10 ans. Il disparaît ensuite pour toujours.
Notons que Villon n’a pas donné lui-même de titre à sa composition. C’est pourquoi on lui trouve parfois l’intitulé de Frères humains.
Réalisation : Michel Lecré
Voix : Henri Cortial, Michel Lecré, Serge Mathecade, Patrick Rottiers.
Texte : Michel Lecré
Photos : Henri Cortial, Michel Lecré.
Club Photo Biviers
TRAVAUX CITÉS
Mademoiselle Clerc. (1968). La Ballade des Pendus. Dans Institut pédagogique national, & Office français des techniques modernes d’éducation, Dossiers pédagogiques de la radio-télévision scolaire. Enseignement du cycle élémentaire. (pp. 13-17). Paris : Office français des techniques modernes d’éducation. Récupéré sur https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9686983q/f19.image
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